Du même auteur
Théo Delibes
Moi Je, Marilyn Monroe / 1999
ISBN: 2-912917-08-5
TZP
éditions
Un jeune psychiatre, travesti un soir en Marilyn Monroe, se prit au jeu et parla par sa bouche... L'actrice se révèle double, Norma Jeane Baker dans sa face amère, et Marilyn Monroe pour sa face sucrée.
« Ma maman était petite et jolie et ressemblait à Gloria Swanson. Seulement, elle me laissait chez les
Bolender.
Gloria Swanson était une actrice de son temps, même un peu du temps d’avant, mais tout le monde s’en souvenait; la preuve, c’est que tous
disaient que ma maman lui ressemblait.
Elle était rousse, comme Gloria, et moi aussi je l’étais un peu. Je n’aurais pas voulu être trop différente
car sinon, est-ce qu’on aurait su de qui j’étais la fille?
Déjà que mon père ne m’avait pas reconnue, il fallait au moins que les voisins
s’aperçoivent que j’étais la fille de ma mère.
Ma maman, plus tard, sera vieille et ridée, car dans les asiles pchikiatriques on vieillit plus vite
qu’ailleurs je crois, mais là, elle était fraîche et pimpante.
Il faut le faire, être fraîche et pimpante quand on sait que sa propre mère, ma
grand-mère, allait bientôt se suicider, et puis son frère, et puis le grand-père, et puis ma tante, et puis...
Ça en fait des “et puis” morts de
façon pas naturelle. Une flopée! La seule naturelle, c’était moi puisque j’étais fille naturelle, c’est l’expression même si elle bête puisque les autres sont aussi fruits de la
nature.
En fait, je disais que ma mère était fraîche et pimpante parce qu’une mère fraîche et pimpante c’est aussi beau qu’une poupée de mère que
l’on donnerait aux enfants, ce qui changerait des poupées d’enfants qu’on donne aux filles pour qu’elles se croient des mères.
Moi, ça me suffisait
d’être une enfant, déjà que ce n’est pas si simple, d'autant plus qu’elle me plaçait chez les Bolender.
En vrai, elle était fraîche mais pas
pimpante parce qu’elle ne souriait pas.
Elle aurait eu l’air fraîche et pimpante avec le sourire, mais là c’était sans le
sourire.
Donc elle allait fraîche, toujours sans sourire, et ses pieds marchaient sur l’herbe d’Hollywood. Ce n’est pas qu’il y ait beaucoup d’herbe à Hollywood,
mais je regardais ses pieds venir car, de la fenêtre de chez les Bolender, on voyait bien l’herbe sous ses pieds quand elle sortait du tramway pour me rejoindre. »
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